Eduardo Galenao : Sens dessus dessous et Eloge du bon sens
Suite à l'interview publiée juste avant, je mets deux écrits de Eduardo Galenao, publiés dans le Monde Diplomatique, les deux vont bien ensemble, bien que de ton différent ...
Ce sera sans commentaire ...
Un millénaire s’en va, un autre arrive
Profession de foi clairvoyante et malicieuse, le discours de l’écrivain uruguayen lors du 50e anniversaire du Monde diplomatique, le 8 mai 2004.
Par Eduardo Galeano
ENIGMES
Qu’est-ce qui fait rire les têtes de mort ?
Qui est l’auteur des blagues sans auteur ? Qui est le petit vieux qui invente les blagues et les dissémine de par le monde ? Dans quelle cave se cache-t-il ? Pourquoi Noé a-t-il fait entrer des moustiques dans l’Arche ? Saint François d’Assise aimait-il aussi les moustiques ?
Les statues qui manquent sont-elles aussi nombreuses que les statues qui restent ?
Si la technologie de communication est de plus en plus développée, pourquoi sommes-nous chaque jour plus sourds et plus muets ?
Pourquoi personne, pas même le Bon Dieu, ne peut comprendre ce que disent les experts en communication ?
Pourquoi les livres d’éducation sexuelle te coupent-ils toute envie de faire l’amour pendant plusieurs années ?
Dans les guerres, qui vend les armes ?
POINTS DE VUE
1
Du point de vue du hibou, de la chauve-souris, du bohémien et du voleur, le crépuscule est l’heure du petit déjeuner.
La pluie est une malédiction pour le touriste et une bonne nouvelle pour le paysan.
Du point de vue des autochtones, ce qui est pittoresque, c’est le touriste.
Du point de vue des Indiens des îles Caraïbes, Christophe Colomb, avec son chapeau à plumes et sa cape de velours rouge, était un perroquet aux dimensions jamais vues.
2
Du point de vue du Sud, l’été du Nord est l’hiver.
Du point de vue d’un ver de terre, une assiette de spaghettis est une orgie.
Là où les hindous voient une vache sacrée, d’autres voient un gros hamburger.
Du point de vue d’Hippocrate, de Galien, de Maimonide et de Paracelse, il existait une maladie appelée indigestion, mais pas de maladie appelée faim.
3
Du point de vue de l’Orient du monde, le jour de l’Occident est la nuit.
En Inde, ceux qui portent le deuil sont vêtus de blanc.
Dans l’Europe antique, le noir, couleur de la terre féconde, était la couleur de la vie, et le blanc, couleur des os, était la couleur de la mort.
Selon les vieux sages de la région colombienne du Chocó, Adam et Eve étaient noirs, et noirs étaient leurs fils Caïn et Abel. Quand Caïn tua son frère d’un coup de bâton, la colère de Dieu tonna. Devant la furie du Seigneur, l’assassin pâlit de culpabilité et de peur, et il pâlit et pâlit tant qu’il demeura blanc jusqu’à la fin de ses jours. Nous, les Blancs, sommes tous fils de Caïn.
4
Si les saints qui ont écrit les Evangiles avaient été des saintes, comment se serait déroulée la première nuit de l’ère chrétienne ?
Saint Joseph, raconteraient les saintes, était de mauvaise humeur. Il était le seul à faire la tête dans cette crèche où l’enfant Jésus, nouveau-né, resplendissait dans son berceau de paille. Tous souriaient : la Vierge Marie, les petits anges, les bergers, les chèvres, le bœuf, l’âne, les mages venus d’Orient et l’étoile qui les avait conduits jusqu’à Bethléem. Tous souriaient, sauf un. Saint Joseph, assombri, murmura :
« Je voulais une fille. »
Le droit au délire
Un millénaire s’en va, un autre arrive.
Le temps se moque des limites que nous lui inventons pour croire qu’il nous obéit ; mais le monde entier célèbre et craint cette frontière.
L’occasion est propice pour que les orateurs pleins d’un feu de paroles pérorent sur le destin de l’humanité et pour que les porte-parole de la colère de Dieu annoncent la fin du monde et la désintégration générale, tandis que le temps poursuit, bouche cousue, sa randonnée au long de l’éternité et du mystère.
Pour être franc, personne n’y résiste : si arbitraire que soit cette date, chacun éprouve la tentation de s’interroger sur ce que seront les temps à venir. Mais qui pourrait le savoir ? Nous ne possédons qu’une seule certitude : nous sommes déjà des gens du siècle passé et, pis encore, du millénaire passé.
Pourtant, si nous ne pouvons deviner ce que sera l’époque, nous avons au moins le droit d’imaginer ce que nous voulons qu’elle soit.
En 1948 et en 1976, les Nations unies ont établi une longue liste des droits de l’homme ; mais l’humanité, dans son immense majorité, n’a que le droit de voir, d’écouter et de se taire.
Et si nous commencions à exercer le droit, jamais proclamé, de rêver ? Et si nous délirions durant quelques instants ?
Utopies
Nous allons porter les yeux au-delà de l’infamie, pour deviner un autre monde possible. Un autre monde où :
l’air sera exempt de tout poison qui ne viendra pas des peurs humaines et des passions humaines ;
dans les rues, les automobiles seront écrasées par les chiens ;
les gens ne seront pas conduits par l’automobile, ni programmés par l’ordinateur, ni achetés par le supermarché, ni regardés par la télé ;
le téléviseur cessera d’être le membre le plus important de la famille, et sera traité comme le fer à repasser ou la machine à laver ;
les gens travailleront pour vivre au lieu de vivre pour travailler ;
on introduira dans le code pénal le délit de stupidité, que commettent ceux qui vivent pour posséder ou pour gagner, au lieu de vivre tout simplement pour vivre, comme un oiseau chante sans savoir qu’il chante et comme un enfant joue sans savoir qu’il joue ;
on n’emprisonnera plus les jeunes qui refusent de faire leur service militaire, mais ceux qui veulent le faire ;
les économistes n’appelleront plus niveau de vie le niveau de consommation, et n’appelleront plus qualité de vie la quantité de choses ;
les chefs de cuisine ne croiront pas que les langoustes adorent être bouillies vivantes ;
les historiens ne croiront pas que les pays sont enchantés d’être envahis ;
les politiciens ne croiront pas que les pauvres sont enchantés de se nourrir de promesses ;
la solennité cessera de croire qu’elle est une vertu, et personne ne prendra au sérieux l’individu incapable de rire de lui-même ;
la mort et l’argent perdront leurs pouvoirs magiques, et le décès ou la fortune ne feront pas d’une canaille un homme vertueux ;
nul ne sera considéré comme un héros ou un imbécile parce qu’il fait ce qu’il croit juste au lieu de faire ce qui lui convient le mieux ;
le monde ne sera plus en guerre contre les pauvres, mais contre la pauvreté, et l’industrie de l’armement n’aura plus d’autre solution que de se déclarer en faillite ;
la nourriture ne sera pas une marchandise, ni la communication un commerce, parce que la nourriture et la communication sont des droits humains ;
nul ne mourra de faim, car nul ne mourra d’indigestion ;
les enfants de la rue ne seront plus traités comme s’ils étaient de l’ordure, car il n’y aura pas d’enfants de la rue ;
les enfants riches ne seront plus traités comme s’ils étaient de l’argent, car il n’y aura pas d’enfants riches ;
l’éducation ne sera pas le privilège de ceux qui peuvent la payer ;
la police ne sera pas la malédiction de ceux qui ne peuvent l’acheter ;
la justice et la liberté, sœurs siamoises condamnées à vivre séparées, seront à nouveau réunies, épaule contre épaule ;
une femme noire sera présidente du Brésil et une autre femme, noire, présidente des Etats-Unis ; une Indienne gouvernera le Guatemala et une autre le Pérou ;
en Argentine, les folles de la place de Mai – las locas de la plaza de Mayo – seront un exemple de santé mentale, car elles refusèrent d’oublier à l’époque de l’amnésie obligatoire ;
Notre Sainte Mère l’Eglise corrigera les erreurs des Tables de Moïse, et le sixième commandement ordonnera de fêter le corps ;
l’Eglise dictera aussi un autre commandement que Dieu avait oublié : « Tu aimeras la nature, dont tu fais partie » ;
les déserts du monde et les déserts de l’âme seront reboisés ;
les désespérés seront espérés et les égarés seront retrouvés, car ce sont eux qui se désespérèrent à force d’espérer et qui s’égarèrent à force de chercher ;
nous serons les compatriotes et les contemporains de tous ceux qui voudront la justice et qui voudront la beauté, quels que soient l’endroit où ils seront nés et l’époque où ils auront vécu, sans accorder aucune importance aux frontières de la géographie ou du temps ;
la perfection restera l’ennuyeux privilège des dieux, mais, dans ce monde fou et foutu, chaque nuit sera vécue comme si elle était la dernière et chaque jour comme s’il était le premier.
Eduardo Galeano.
Ce texte figure dans Sens dessus dessous, publié en septembre 2004 chez Homnisphères – diffusion Co-Errances, 45, rue d’Aubervilliers, 75018 Paris.
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Trouvé sur le site ZazieWeb une fiche sur le livre (le site de l'éditeur étant inaccessible au moment où j'écris l'article) ... je vais le chercher, je doute le trouver à la librairie de Narbonne, mais je le ferais commander.
Sens dessus dessous, l'Ecole du monde à l'envers
Collection Imaginaires Politiques, Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Lydia Ben Ytzhak
Format 14X19, 358 pages, ISBN : 2-915129-06-1
ouvrage relié et illustré avec 150 iconographies de l'artiste mexicain POSADA,
Prix : 20 euros.
Résumé
Il y a cent trente ans, après avoir visité le pays des merveilles, Alice
entra dans le miroir pour y découvrir le monde à l'envers. Si Alice
renaissait de nos jours, elle n'aurait besoin de traverser aucun miroir : il lui suffirait de se pencher à la fenêtre.
A l'école du monde à l'envers, le plomb apprend à flotter, le bouchon à couler, les vipères à voler et les nuages à ramper le long des chemins. Dans le monde d'aujourd'hui, monde à l'envers, les pays qui défendent la paix universelle sont ceux qui fabriquent le plus d'armes et qui en vendent le plus aux autres pays. Les banques les plus prestigieuses sont celles qui blanchissent le plus de narcodollars et celles qui renferment le plus d'argent volé. Les industries qui réussissent le mieux sont celles qui polluent le plus la planète ; et la sauvegarde de l'environnement est le plus brillant fonds de commerce des entreprises qui l'anéantissent.
Le monde à l'envers nous apprend à subir la réalité au lieu de la changer, à oublier le passé au lieu de l'écouter et à accepter l'avenir au lieu de l'imaginer : ainsi se pratique le crime, et ainsi est-il encouragé. Dans son école, l'école du crime, les cours d'impuissance, d'amnésie et de résignation sont obligatoires. Mais il y a toujours une grâce cachée dans chaque disgrâce, et tôt ou tard, chaque voix trouve sa contre-voix et chaque école sa contre-école.
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Concernant l'artiste mexicain POSADA dont les gravures illustrent le livre, une brève biographie et quelques unes d'entre elles, dont "La fiesta des cavaleras" reproduite ci-contre, sur le site VIVAMEXICO :
Mexico,1852 - Mexico, 1913 "Le Daumier Mexicain"
Notre monde malade d’inconstance et de délaissements souffre d’une autre affection bien cruelle : l’absence de larges espaces ouverts au dialogue et au travail partagé. Où trouver une aire de réunion dans laquelle la rencontre et l’échange seraient encore possibles ? Ne pourrait-on commencer par la chercher dans le sens commun ? Ce bon sens désormais si précieux et si rare.
Prenons les dépenses militaires par exemple. Chaque jour, le monde consacre 2,2 milliards de dollars à la production de mort. Plus précisément, le monde consacre cette fortune colossale à promouvoir de gigantesques parties de chasse où le chasseur et la proie sont de la même espèce, et dont sort vainqueur celui qui aura occis le plus grand nombre de ses congénères. Neuf jours de dépenses militaires suffiraient à procurer nourriture, éducation et soins à tous les enfants de la Terre qui en sont dépourvus.
A priori, cette débauche financière constitue une flagrante violation du sens commun. Et a posteriori, qu’en est-il ? La version officielle justifie ce gaspillage en raison de la guerre contre le terrorisme. Mais le bon sens nous dit que le terrorisme lui en est extrêmement reconnaissant. Nul besoin d’être grand clerc pour constater que les guerres d’Afghanistan et d’Irak ont produit sur le terrorisme un considérable effet de dopage. Les guerres relèvent du terrorisme d’Etat, le terrorisme d’Etat se nourrit du terrorisme privé, et réciproquement...
Les chiffres ont été publiés récemment : l’économie américaine se redresse et croît de nouveau à un rythme satisfaisant. Selon les experts, sans les dépenses liées à la guerre en Mésopotamie, cette croissance serait nettement moins forte. En quelque sorte, la guerre contre l’Irak constitue une excellente nouvelle pour l’économie. Et pour les morts ? Le sens commun se fait-il entendre par la voix des statistiques économiques, ou par la voix de ce père meurtri, Julio Anguita (1), lorsqu’il dit : « Maudites soient cette guerre et toutes les guerres » ?
Les cinq plus grands fabricants et vendeurs d’armes (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France) sont les Etats qui jouissent du droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies. Que les garants de la paix mondiale soient également les plus importants fournisseurs d’armes de la planète, n’est-ce pas une insulte au bon sens ?
A l’heure de vérité, ce sont ces cinq pays qui commandent. Ce sont également eux qui dirigent le Fonds monétaire international (FMI). La plupart d’entre eux figurent parmi les huit Etats qui prennent les décisions déterminantes au sein de la Banque mondiale. Ainsi qu’au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) où le droit de vote est prévu mais jamais utilisé.
La lutte pour la démocratie dans le monde ne devrait-elle pas commencer par la démocratisation des organismes prétendument internationaux ? Qu’en dit le sens commun ? Il n’est pas prévu qu’il émette un avis. Le bon sens n’a pas le droit de vote, et guère davantage droit à la parole.
Une grande partie des crimes les plus atroces et des pires préjudices commis sur cette planète sont perpétrés par l’entremise de ces organismes (FMI, Banque mondiale, OMC). Leurs victimes sont les « disparus » : non pas ceux qui se sont perdus dans la nuit et le brouillard de l’horreur des dictatures militaires, mais les « disparus de la démocratie ». Ces dernières années, en Uruguay, mon pays, comme dans tout le reste de l’Amérique latine et les autres régions du monde, on a vu disparaître les emplois, les salaires, les retraites, les usines, les terres, les rivières. Même nos propres enfants ont disparu, forcés d’émigrer à la recherche de ce qu’ils ont perdu, reprenant en sens inverse le chemin d’émigrants de leurs aïeux.
Le bon sens nous oblige-t-il à subir ces douleurs évitables ? A les accepter, en nous croisant les bras, comme si c’était l’œuvre fatale du temps ou de la mort ?
Acceptation, résignation ? Force est d’admettre que, peu à peu, le monde devient moins injuste. Pour prendre un exemple, la différence entre le salaire de la femme et celui de l’homme n’est certes plus aussi abyssale qu’autrefois. Mais, au train où vont les choses, c’est-à-dire pas bien vite, l’égalité salariale entre hommes et femmes aura lieu dans 475 ans ! Que conseille le bon sens ? D’attendre ? Il n’existe aucune femme, à ma connaissance, qui pourrait vivre aussi longtemps...
La véritable éducation, celle qui émane du bon sens et qui mène au bon sens, nous enseigne à lutter pour récupérer ce qu’on nous a usurpé. L’évêque catalan Pedro Casaldaliga (2) a une longue expérience des années passées dans la forêt brésilienne. Et il dit que, s’il est vrai qu’il vaut mieux enseigner à pêcher qu’offrir un poisson, en revanche, rien ne sert d’enseigner la pêche si les rivières ont été empoisonnées ou vendues.
Pour faire danser les ours dans les cirques, le dompteur les dresse : au rythme de la musique, il leur frappe la croupe à l’aide d’un bâton hérissé de pointes. S’ils dansent correctement, le dompteur cesse de les battre et leur donne de la nourriture. Sinon, la torture continue, et, la nuit tombée, les ours retournent dans leurs cages le ventre vide. Par peur, peur des coups, peur de la faim, les ours dansent. Du point de vue du dompteur, cela n’est que pur bon sens. Mais du point de vue de l’animal brisé ?
Septembre 2001, New York. Lorsque l’avion éventra la seconde tour, et que celle-ci commença à craquer puis à s’effondrer, les gens se sont précipités en dévalant à toute vitesse les escaliers. Les haut-parleurs ont alors intimé l’ordre à tous les salariés de retourner à leur poste de travail. Quels sont ceux qui ont agi avec bon sens ? Seuls ceux qui ont désobéi eurent la vie sauve.
Pour nous sauver, se rassembler. Comme les doigts d’une même main. Comme les canards d’une même volée.
Technologie du vol collectif : le premier canard se lance et ouvre la voie au second, qui indique le chemin au troisième, et l’énergie du troisième fait s’envoler le quatrième, qui entraîne le cinquième, et l’élan du cinquième provoque l’envol du sixième, qui donne de la force au septième...
Lorsque le canard éclaireur se fatigue, il rejoint la queue de l’essaim et laisse sa place à un autre, qui monte au sommet de ce V inversé que les canards dessinent dans l’air. Tous prendront à tour de rôle la tête et la queue du groupe. D’après mon ami Juan Díaz Bordenave (3), qui n’est pas « palmipédologue » mais qui s’y connaît, aucun canard ne se prend pour un supercanard s’il vole devant, ni pour un sous-canard s’il est en queue. Les canards, eux, n’ont pas perdu leur bon sens.
Eduardo Galeano.
(1) NDLR. Julio Anguita, homme politique espagnol, dirigeant historique d’Izquierda Unida (Gauche unie) dont le fils, Julio Anguita Parrado, journaliste, correspondant du quotidien madrilène El Mundo et qui accompagnait (« embedded ») la 3e Armée américaine lors de l’invasion de l’Irak, a été tué par un missile irakien au sud de Bagdad le 7 avril 2003.
(2) NDLR. Mgr Pedro Casaldaliga, né en 1928, religieux clarétain, théologien de la libération, évêque titulaire depuis trente-cinq ans de la prélature de São Felix de Araguaïa, une des plus pauvres du Brésil, perdue dans l’Etat du Mato Grosso. En 1992, son nom a été proposé pour le prix Nobel de la paix.
(3) NDLR. Juan Enrique Díaz Bordenave, essayiste paraguayen, spécialiste de la communication, auteur, entre autres, de Comunicacion y Sociedad, Busqueda, Buenos Aires, 1985.