OGM : Gènes modifiés dans le maïs mexicain, fin de la controverse
OGM : Gènes modifiés dans le maïs mexicain, fin de la controverse
Elisabeth Leciak, le 18 novembre
Au Mexique, des gènes provenant de cultures de maïs génétiquement modifié ont été trouvés dans des variétés locales. D’après le journal Nature, ces nouveaux résultats, qui confirment la possibilité de diffusion, mettent définitivement fin à la controverse scientifique qu’avaient provoqué les travaux publiés à ce sujet en 2001. Ils raniment également une délicate question : comment protéger la formidable diversité du maïs mexicain de la propagation des OGM… et, peut-être les paysans qui en vivent ?
Boire et déboire d’une découverte
Pour préserver les quelque soixante variétés de maïs et leurs « parents sauvages » présents sur le sol Mexicain, depuis 1998, le gouvernement a interdit toutes plantations de maïs GM. Attestant de l’inefficacité de cette mesure, en 2001, la présence de gènes modifiés dans les souches locales de maïs a été mise en évidence par Ignacio Chapela et David Quist, chercheurs à l’Université de Berkeley, Californie. Mais une telle démonstration n’est pas passée sans accros, loin s’en faut. Ces résultats ont déclenché une impressionnante controverse scientifique et de nombreuses critiques ont fait planer le doute sur la validité des méthodes mises en œuvre dans l’étude. A l’autre bord, on accusait les auteurs des critiques d’être influencés par l’industrie des biotechnologies. Devant ce débat enflammé, la revue Nature a fini par déclarer que ces résultats n’auraient jamais dû être publiés. Et comme pour justifier ce désaveu, en 2005, un autre article, celui-là rédigé par des chercheurs de l’Institut d’Ecologie de Mexico, certifiait l’absence de gènes modifiés dans les échantillons testés.
Une obscure présence…
Mais voilà que la roue tourne, et que, en 2008, des résultats, qui vont être publiés dans Molecular Ecology, réhabilitent la découverte de 2001. Leurs auteurs, une équipe dirigée par Elena Álvarez-Buylla de l’Université de Mexico, viennent de détecter des gènes modifiés dans plusieurs variétés de maïs local. Pour la chercheuse, la preuve de la diffusion est faite. Reste maintenant à comprendre comment ces gènes peuvent se propager si facilement. Dans le contexte mexicain, outre l’interdiction de cultiver des OGM, moins d’un quart des semences utilisées par les agriculteurs est issu du commerce. Les paysans mexicains utilisent leurs propres grains, qu’ils sélectionnent culture après culture. Ainsi, sans contamination des semences et en situation de très faible contact géographique avec des plants génétiquement modifiés, la présence de gènes modifiés dans les cultures est des plus obscures.
A ce sujet, Marie-Monique Robin, dans son documentaire "Le monde selon Monsanto", diffusé par Arte, décrit le cas du maïs mexicain. Selon cette journaliste, la contamination pourrait être le fait des industriels eux-mêmes. En diffusant dans les cultivars les gènes modifiés par leur technologie, les compagnies avancent vers un complet monopole sur le marché des semences, via les droits de propriété liés aux brevets.
Nota :
En fait on n'a aucune certitude sur l'origine de la contamination, qui concernant le Mexique, pourrait être criminelle de la part des multinationales les produisant, celui-ci ayant interdit les OGM sur son territoire. Mais pas forcément la seule origine ... les insectes, des oiseaux et le vent peuvent transporter des pollen ou des graines, fort loin de leur zone de culture d'origine. Il n'en reste pas moins que bien que stériles, les OGM peuvent contaminer les cultures saines et les faire dégénérer.