La vie n'est pas contrôlable : les moustiques double mutants

Publié le par benedicte


La vie n'est pas contrôlable : les moustiques double mutants


En rapport avec l'article ci-dessous, une réflexion plus générale sur le vivant, et les inquiétudes que je ne suis certainement pas la seule à avoir, sur le fait que nous ne tirons aucun enseignements des conséquences que ce que nous faisons.

La démoustication par utilisation d'insecticides doit dater de quelques dizaines d'années seulement.

D'une part les insecticides utilisés ne sont pas neutres, ajoutant aux nombreuses substances toxiques se retrouvant dans le sol, l'eau, font des dommages collatéraux en entraînant la mortalité d'autres espèces, ce qui en soit sont des problèmes graves. Concernant le sol et l'eau, il es probable qu'il existe des études démontrant le faible impact et les quantités minimes dispersées, le problème c'est les quantités analysées et testées isolément de chaque produits sont peut-être minimes, ce qui ne signifie déjà pas sans effets, mais si l'on additionne l'ensemble des produits chimiques et toxiques, divers et variés qui se retrouvent finalement dans le sol et l'eau, c'est une catastrophe.

D'autre part, le vivant n'est pas contrôlable. Certes nous avons déjà détruits bon nombres d'espèces, et un nombre croissant d'entre elles sont menacées. Toutefois moins un organisme vivant est complexe physiologiquement, existe en nombre important, et a un renouvellement de génération rapide, plus son espèce s'adapte facilement à un environnement hostile ou toxique. C'est le cas de la plupart des insectes.

Leur nombre permet à l'espèce de continuer à se reproduire, même en cas de perte de 90% ou plus de leur population, leur physiologie peu complexe permet une adaptation plus aisée de leur caractéristiques et le renouvellement généralement annuel des générations permet à l'espèce de muter sur quelques dizaines d'années. L'auteur de science-fiction Philip K. Dick, pensait que les insectes survivraient à la destruction de la planète par notre espèce ... je serais assez d'accord avec lui.

Pour en revenir aux moustiques, ceux-ci ont muté deux fois, d'où le terme de double mutants utilisé par les scientifiques. Ils sont devenus totalement résistants aux insecticides utilisés usuellement contre eux, et ont retrouvé leur fertilité initiale ... nous sommes donc revenus au point de départ tout en ayant disséminé des substances toxiques pendant des années qui ne sont probablement toujours pas éliminées.

Allons-nous chercher des substances encore plus toxiques ? Empoisonner un peu plus la terre ? Pour dans quelques années nous retrouver face à des moustiques ayant muté encore une ou deux fois ?

J'ajouterais que cette manière de procéder touche d'autres secteurs, les vaccinations ont engendré des virus mutants, contre lesquels aucun traitement ne marche, l'utilisation massive des antibiotiques a rendu toutes une partie d'entre eux inopérants, les OGM à insecticides et herbicides intégrés, si l'ont peut dire, sont déjà attaqués par des insectes ou plantes qui se sont adaptées et sont immunisées aux toxiques qu'ils sécrétent, et ce en quelques années ...
Dans cette surenchère, nous déversons sur la planète et dans notre environnement de plus en plus de produits toxiques, qui nous affectent également, et ainsi que de nombreuses autres espèces.

Nous créons des réactions en chaîne incontrôlables sans avoir la moindre idée des conséquences sur l'ensemble des écosystèmes imbriqués qui composent la biosphère. Or tout système dans cet univers, quelque soit son échelle, est un équilibre en mouvement, si cet équilibre est sévèrement perturbé, il s'en suit un phase de chaos, tendant à trouver un nouvel équilibre. Or le nombre de paramètres sont quasi-illimités et  il est impossible de modéliser les conséquences de ce que nous faisons, quoique les spécialistes et scientifiques officiels prétendent. Nous ne contrôlons absolument rien, nous laissons des fous jouer à la roulette russe avec la vie de la planète entière, et donc celle de notre espèce.

Et que penser de notre espèce qui est la seule sur cette planète à considérer que la terre lui appartient exclusivement et qui refuse de cohabiter avec les autres espèces vivantes, qu'elles soient animales ou végétales ? Serions-nous biophobe ? Et une espèce allergique au vivant a-t-elle un avenir  ?

 



L’observation de moustiques double mutants inquiète
Univers Nature - 12 avril 2004

Face aux pesticides, les scientifiques observent de longue date des phénomènes d’accoutumance des organismes vivants visés, avec des mutations génétiques plus ou moins importantes. Cette faculté d’adaptation est bien connue et a impliqué de repenser la lutte face aux insectes, mais aujourd'hui une étude remet en cause cette approche.

Lorsque les insectes parviennent à résister aux insecticides grâce à une mutation, cela s’accompagne pour eux d’un 'fardeau' génétique handicapant pour le reste (fécondité, aptitude à se protéger de leurs prédateurs, etc.). Ainsi, dans un environnement sans insecticide, ce handicap se traduit, entre autres, par une reproduction beaucoup moins performante. Ce fardeau était considéré jusqu’ici comme un allié pour l’homme, dans sa lutte contre les insectes transmetteurs de maladie.
Or, dans le cas de moustiques double mutants, porteurs de deux gènes de résistance aux deux classes d’insecticides les plus utilisées dans le monde, des chercheurs du CNRS et de l’IRD (1) viennent de démontrer (2) que ces modifications génétiques n’étaient pas handicapantes. En effet, selon les chercheurs, ces double mutations génétiques augmentent le taux de survie des moustiques en absence d’insecticide. Cette évolution donne donc naissance à des sortes de 'super-moustiques', résistants aux deux classes d’insecticides les plus répandues et encore plus puissants en leur absence…

Dans ces conditions, les stratégies actuellement utilisées pour lutter contre les moustiques, qui reposent sur la vulnérabilité des non-mutants aux insecticides (avec l’alternance de deux substances différentes pour agir sur tous les moustiques), et des handicapés en absence de traitement, ne tiennent plus. Pour les chercheurs, il est donc urgent de trouver d’autres solutions pour lutter contre les moustiques vecteurs de maladies.

Alex Belvoit

1- Institut des Sciences de l'Evolution, (CNRS/Université Montpellier 2, Montpellier), Laboratoire de Lutte contre les Insectes Nuisibles (IRD, Montpellier) et Laboratoire Génétique et évolution des maladies infectieuses (CNRS/IRD).
2- L'étude a fait l'objet d'une publication téléchargeable en anglais, dans BioMed Central.

Publié dans Planète-environnement

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