ARTE mardi 22 avril 2008 à 21h sur ARTE : Le cauchemar de Darwin
ARTE mardi 22 avril 2008 à 21h sur : Le cauchemar de Darwin
Le cauchemar de Darwin de Hubert Sauper
Mardi 22 avril 2008 à 21h00
(c'est bien mardi et non lundi comme marqué par erreur sur le site d'Arte)
Les paradoxes de la mondialisation à travers l'exemple du commerce de la perche du Nil autour du lac Victoria. Ce film événement a connu un énorme succès en salles en 2005. Après sa diffusion, son réalisateur, Hubert Sauper, participera à un débat à l'antenne.
L'ombre d'un avion se détache sur le lac Victoria, immense étendue d'eau bordée par la Tanzanie, l'Ouganda et le Kenya. Le gros Illiouchine russe vole vers l'aéroport de Mwanza, sur la rive tanzanienne. Il vient charger une cargaison de filets de perche du Nil à destination des pays industrialisés. Introduit dans le lac Victoria pendant les années 1950, ce poisson carnivore, qui peut atteindre deux mètres de long, a depuis lors éliminé la plupart des autres espèces. Et il est devenu une production phare de la Tanzanie, qui en exporte cinq cents tonnes par jour. Son commerce a transformé Mwanza, qui compte aujourd'hui huit cent mille habitants. Le documentaire nous fait rencontrer quelques-uns d'entre eux : pêcheurs dont les prises sont de plus en plus maigres, patrons des usines de conditionnement, prostituées qui se vendent aux pilotes des avions, enfants des rues qui se battent pour une poignée de riz...
Soulever le couvercle de la poubelle
Parmi les gens qui ont accroché le regard d'Hubert Sauper, il y a une femme de pêcheur en train de mourir du sida, dans un village près de Mwanza. Il nous la montre sans voyeurisme ni sensationnalisme. Nous savons que beaucoup d'Africains meurent du sida, sans aide ni soins. Nous savons, mais est-ce que nous comprenons ce que cela veut dire ? À travers le visage de cette femme, Hubert Sauper nous le fait saisir. Parlant de son film, le réalisateur dit qu'il "soulève le couvercle de la poubelle du monde". Et que, pour le faire, il a dû sauter dans cette poubelle à pieds joints. Ni investigation ni enquête, Le cauchemar de Darwin, qui fait actuellement l'objet d'une controverse en France, regarde autour de lui et pose des questions. Pourquoi le meilleur de la perche du Nil est-il exporté vers les pays riches quand un à deux millions de Tanzaniens souffrent de malnutrition ? Qu'est-ce que les Occidentaux apportent en Afrique ? Il n'y a pas nécessairement de lien direct entre l'industrie de la pêche d'un côté, la pauvreté, la prostitution, le sida de l'autre. Mais, si Mwanza jouit grâce à la perche miraculeuse d'une relative prospérité, ces fléaux existent bien et même s'aggravent. Même chose pour le trafic d'armes : si le film ne démontre pas qu'il transite régulièrement par Mwanza, il a le mérite de soulever la question de son existence. Et de rappeler au passage que les armes qui alimentent les conflits sur le sol africain proviennent en grande partie de chez nous - qu'elles atterrissent ou non à Mwanza n'y change rien.
Soulever le couvercle de la poubelle
Parmi les gens qui ont accroché le regard d'Hubert Sauper, il y a une femme de pêcheur en train de mourir du sida, dans un village près de Mwanza. Il nous la montre sans voyeurisme ni sensationnalisme. Nous savons que beaucoup d'Africains meurent du sida, sans aide ni soins. Nous savons, mais est-ce que nous comprenons ce que cela veut dire ? À travers le visage de cette femme, Hubert Sauper nous le fait saisir. Parlant de son film, le réalisateur dit qu'il "soulève le couvercle de la poubelle du monde". Et que, pour le faire, il a dû sauter dans cette poubelle à pieds joints. Ni investigation ni enquête, Le cauchemar de Darwin, qui fait actuellement l'objet d'une controverse en France, regarde autour de lui et pose des questions. Pourquoi le meilleur de la perche du Nil est-il exporté vers les pays riches quand un à deux millions de Tanzaniens souffrent de malnutrition ? Qu'est-ce que les Occidentaux apportent en Afrique ? Il n'y a pas nécessairement de lien direct entre l'industrie de la pêche d'un côté, la pauvreté, la prostitution, le sida de l'autre. Mais, si Mwanza jouit grâce à la perche miraculeuse d'une relative prospérité, ces fléaux existent bien et même s'aggravent. Même chose pour le trafic d'armes : si le film ne démontre pas qu'il transite régulièrement par Mwanza, il a le mérite de soulever la question de son existence. Et de rappeler au passage que les armes qui alimentent les conflits sur le sol africain proviennent en grande partie de chez nous - qu'elles atterrissent ou non à Mwanza n'y change rien.
Hubert Sauper, le réalisateur
L'Autrichien Hubert Sauper a notamment réalisé Loin du Rwanda - Kisangani diary (1998) et Seules avec nos histoires (2000, diffusé par ARTE le 29 novembre 2005).
Le cauchemar de Darwin, sur lequel il a travaillé quatre ans, a été récompensé par de très nombreux prix.
Sorti en salles en France en mars 2005, il a attiré près de 450 000 spectateurs.
- César du meilleur premier film 2006
- Nominé pour l'Oscar du meilleur documentaire 2006