A "ne pas penser", notre société ajoute "ne pas imaginer" ...
Ce que j'appelle peut-être à tort "art conceptuel", est avec certitude appelé à tort "art" ! Il sera impossible de me faire souscrire au discours vide et dépourvu de toute substance, produit d'une pensée creuse, compilation de concept pour faire intello et savant, sur du rien par des egos enflés (le tripotage d'ego servant visiblement de pompe à air pour les gonfler !) se prenant en plus au sérieux et dépourvu non seulement de la moindre imagination, mais du moindre sens de l'humour !
Si je suis méchante ? Un petit peu seulement, mais c'est pour rassurer tous les gens qui se croient stupides pensant qu'ils n'y comprennent rien ... ils ne sont pas stupides, l n'y a rien à comprendre, c'est exactement ce que ça à l'air d'être ... à mettre direct à a poubelle d'où ça n'aurait pas du sortir (je pense à l'exposition du contenu de poubelles de star organisée en grande pompe il y a quelque temps, à Paris je crois !).
Ne jetez plus les couches souillées de vos bambins ... exposez les !
Par contre il va vous falloir retenir le fou rire nerveux lorsque vous exposerez le discours que vous aurez préparé sur la symbolique de votre geste exprimant avec force la génèse de l'univers, la puissance de la création excrétive, absorption et digestion de l'infini, pour en restituer la matière originelle, sorte d'auto-fécondation, prouvant sans nul conteste la divinité de l'être, et bla, bla, bla ... et tant que vous y êtes pourquoi pas l'existence de Dieu ! Le tout est que ça n'est aucun sens, permettant à tout un chacun à se perdre en conjectures sur ce la signification profonde de vous avez voulu dire par là ... mais soyez sérieux, prenez l'air profondément inspiré, et surtout face aux critiques d'arts et aux riches snobs.
N'hésitez pas à interrompre votre discours pour les associer à votre génie de créateur qu'ils n'ont pas mais que vous savez qu'ils comprennent et apprécient. Dépourvus de toute créativité, ils envient ou jalousent le créatif, leur donner le statut de connaisseur, un statut d'élite, seule capable de reconnaître le génie ... c'est un peu de votre génie que vous leur permettez de s'approprier, la flatterie reste toujours le meilleur moyen de s'attirer leurs grâces ! Et n'hésitez pas à incorporer dans votre discours les bêtises qu'ils vont inmanquablement vous répondre pour abonder dans votre sens et jouer les connaisseurs avertis !
Tout ceci pouvant tout à fait vous permettre d'entrer à la fondation Cartier. Mais attention la concurrence est rude, par exemple dans la toile badigeonnée uniformément le blanc et le noir sont déjà pris avec certitude (voir article ci-dessous), de même que la caisse d'emballage (vrai ! reportage sur la fondation Cartier d'une immense salle remplies exposant de caisses d'emballages en vrac agencées avec subtilité, vu il y a quelques années à la télé ), la video en boucle où vous recevez des tartes à la mytille dans la figure aussi, la pomme blette sur son lit de torchon sale dans un cageot (il y a quelques années à la biennale de Venise), également, le hangar rempli de branches d'élagages trempées dans de la peinture bleue, trop tard, etc ... renseignez-vous avant ! Les exemples fourmillent et ceux que je viens de citer sont tous vrais
Je me moque, mais le problème est que c'est un cercle vicieux ayant abouti à faire du secteur artistique un désert d'où la créativité, l'expressivité et/ou la technique doivent être bannies, comme irrémédiablement ringardes ... plus c'est nul, plus les chances que ce soit médiatisé sont importantes. La taille ou la quantité peut faire la différence, faites du nul mais gigantesque ou reproduisez la nullité par dizaines ou centaines d'exemplaires nécessitant un hangar pour exposer.
Ma fille a abandonné la section arts plastiques après la seconde, parce qu'elle avait un prof qui était totalement dans la promotion de ce désert. On fait donc enseigner dès l'école que l'art est absence de créativité, abscence d'imagination, d'expression et de technique ... donc effet boule de neige. Un nivellement par le bas de l'imaginaire en fait, qui n'est pas destiné qu'aux prétendus artistes, mais à l'ensemble de la population.
C'est une dégénérescence généralisée, sur le plan de la connaissance et de la créativité, touchant tous les domaines : la pensée, la recherche que ce soit les sciences physiques ou humaines, la culture, l'art, etc...
A "ne pas penser", notre société ajoute "ne pas imaginer" ...
Heureusement, la créativité fait de la résistance même si elle n'est pas médiatisée ... et on la rencontre parfois au détour d'un chemin, avec un plaisir d'autant plus grand que l'on ne s'y attend pas ! Comparaison ci-dessous concernant la sculpture sur la place publique ...
IMAGINATION


SURREALISME

C'est surprenant d'arriver sur la place et de voir ce robinet qui à l'air léviter dans les airs et dont jaillit une eau semblant venir de nulle part ... effet surprise garantie !
Nous étions en congrès syndical et la soirée avait été accordée à tout le monde pour la journée de la musique ...
ZERO pointé !
Le donut et sa saucisse (appellation personnelle d'une culture McDo) Montpellier (Hérault 34) face à l'entrée de la fac de science ... il paraît que d'après celui qui l'a commis, c'est une variation sur l'infini ou le binaire, à moins que ce soit le binaire et l'infini, le binaire de l'infini ou l'infini du binaire ... j'aimerais savoir combien ça a coûté au contribuable !

Photos Mario Lomas @copyright
AGORAVOX
Paul Villach 9 avril 2008
Doute méthodique et art contemporain
On a frôlé la catastrophe, ce dimanche, au MUDAM, à ne pas confondre avec le MOMA, le MAMAC ou le MUMOK (1). Mais personne n’en a rien su. Heureusement ! Le MUDAM est le Musée d’art moderne Grand-Duc Jean de Luxembourg. On a failli assister à une profanation dans le genre de celle d’Avignon en juillet 2007 quand une jeune femme a laissé sur une toile blanche l’empreinte rouge de ses lèvres.
Une petite fille cueillie au bord du précipice
Il n’y avait pourtant ni tableau blanc ni jeune femme ni lèvres rouges, mais, comme le montre la photo ci-contre, une fillette en parka seule sur le parquet vitrifié d’une salle immense du musée avec au mur un tableau noir. On l’a vu soudain s’arrêter, lorgner la toile et, en faisant la moue sans la quitter des yeux, fouiller dans ses poches d’où ont jailli sur le plancher quelques rogatons de craie de couleur. Elle les a ramassés consciencieusement et mis dans sa main gauche. Puis on l’a vu d’un pas décidé s’avancer vers le tableau noir, un morceau de craie aux doigts de l’autre main.
Elle allait, comme le cancre de Prévert, « avec des craies de toutes les couleurs / sur le tableau du malheur / (dessiner) le visage du bonheur », quand, surgi de nulle part, son grand-père à qui elle avait échappé, lui a attrapé la main au vol et a soulevé la petite dans ses bras. Effrayée, la pauvre mignonne a fondu en larmes : elle voulait, répétait-elle en sanglotant, jouer à la maîtresse...
Le grand-père, confus, la berçait : mais, à sa mine défaite, il donnait l’impression de revenir de loin, d’avoir cueilli sa petite fille au bord du précipice. C’est vrai, la dégradation d’une toile de maître, ça va chercher à combien ?
Le musée comme argument d’autorité
Comment expliquer, en effet, à une fillette que ce tableau noir n’était pas fait pour qu’on écrive dessus, mais pour être seulement regardé ? On n’était pas à l’école, mais dans un musée. Sa place seule changeait sa fonction, de même que "l’urinoir de Duchamp" n’était pas fait pour qu’on s’y soulage, mais pour qu’on s’extasie devant une œuvre d’art.
Quand en plus on a soi-même des difficultés à avaler la couleuvre, c’est difficile d’être convaincant. C’est même tout un art de faire l’éloge d’un tableau noir, en faisant les mêmes efforts qu’Yvan quand il défend le tableau blanc acheté vingt briques par son ami Serge, dans Art, la comédie de Yasmina Réza : « Il y a quelque chose, ce n’est pas rien, s’évertue-t-il à dire à Marc, leur ami commun qui n’y voit qu’imposture. (...) C’est une œuvre, il y a une pensée derrière ça. (...) C’est l’accomplissement d’un cheminement. (...) Ce n’est pas un tableau fait par hasard, c’est une œuvre qui s’inscrit à l’intérieur d’un parcours. »
La tautologie
En plus, on a beau dire, mais Johnny Hallyday a tort : noir, ce n’est pas noir ! Dominique Dhombres l’a soutenu dans un article récent paru dans Le Monde du 4 avril 2008, intitulé « La leçon de Pierre Soulages », « souvent présenté comme le peintre du noir ». Il faut voir les acrobaties verbales qu’on peut déployer devant un tableau noir. D’abord la tautologie, dans ses variantes appelées truisme ou lapalissade, donne une profondeur à la pire des platitudes : « On peut dire, écrit Dhombres, que le noir est ce qui se passe quand la lumière a disparu. À ce compte, l’effet produit par sa peinture devrait être celui que l’on ressent lorsqu’on se trouve, de nuit, dans un tunnel ! » Ou encore : « Il faut partir du noir pour comprendre la couleur, la lumière et le monde. (...) »
Et le journaliste de s’extasier en écoutant le prêche du présentateur de l’émission D’art d’art, diffusée actuellement en boucle sur France 2. Chut ! « On écoute le présentateur, écrit-il, "C’est du noir, uniquement du noir, qu’il veut faire naître la couleur et la lumière. Armé d’une multitude d’ustensiles qu’il a fabriqués lui-même, il étale, racle et lisse le pigment noir. Des monticules, des stries, des aplats se forment ainsi sur sa toile, et lorsque la lumière se reflète sur ces différents reliefs, sur ces textures plus ou moins épaisses, ce sont des noirs gris, des noirs profonds qui apparaissent." »
La fulguration du paradoxe
Un second procédé propre à désarçonner l’incrédule le plus endurci, c’est le paradoxe : il a le don de résoudre les contradictions apparentes de l’évidence pour accéder aux vérités qu’elles cachent. Le journaliste cite toujours le présentateur qui parle d’une œuvre de Soulages, Polyptique F : « En plus, votre propre déplacement devant l’œuvre accentue ou atténue les brillances et en modifie la couleur. C’est ce phénomène que Soulages a d’abord baptisé "noir lumière", puis "outre-noir", qui fait que les quatre éléments superposés de Polyptyque F ont beau être tous noirs, ils ne sont pas tout noirs ».
Et plus la contradiction est violente et même insensée, plus la vérité doit jaillir dans l’éclat de l’éclair : le noir, c’est le blanc ! Le journaliste cite cette fois un critique, Jacques Bellefroid : « La couleur noire des toiles de Pierre Soulages est le surgissement d’une clarté lumineuse. (...) Par le travail du peintre, son énergie, la patience de son idée fixe, le noir répand (...) un éclat si fulgurant qu’il en devient plus proche du blanc total que de n’importe quelle autre couleur ou coloris ».
Argument d’autorité, taulologie et paradoxe, telles sont les armes dont usent les thuriféraires d’un certain art contemporain pour tenter de faire baisser les yeux aux effrontés. Qu’importe ? dira-t-on, puisqu’il n’y a rien à voir. Au contraire, c’est cette injonction d’une soumission aveugle à l’autorité qui préoccupe. Car, sans elle, ces farces de potache dont l’art contemporain est coutumier, trouveraient-elles audience ? Un sadique pourrait-il faire passer l’agonie d’un chien dans une galerie pour une œuvre d’art (2) sans que personne au début ne s’en émeuve ? Le doute méthodique, plus que jamais, est la planche de salut.
Et au lecteur qui s’interroge depuis le début, au vu de la photo, sur la réalité de l’attentat évité contre le tableau noir au MUDAM, il est temps de lui dire qu’il n’a pas tort. Ce n’était qu’une « farce artistique ». La fillette n’a eu aucune intention profanatrice, elle a fait mieux, comme le montre la photo : elle a passé son chemin sans même un regard pour ce tableau qui n’en valait pas la peine. Paul Villach
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(1) MUDAM = Le Musée d’art moderne Grand-Duc Jean de Luxembourg - MOMA = Museum of Modern Art à New York - MUMOK = Museum Moderner Kunst à Vienne - MAMAC = Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice.
(2) En 2007, un prétendu artiste, Guillermo Habacuc Vargas, selon une pétition qui circule sur le net, a attaché dans le coin d’une galerie d’art un chien famélique et l’a laissé mourir de faim et de soif, offrant aux visiteurs son agonie en guise d’œuvre d’art. La Biennale centre-américaine d’art du Honduras, enthousiaste, l’avait invité à renouveler sa performance en 2008. Mais le tollé, que ce sadisme a fini par soulever, l’a conduit à y renoncer. L’artiste aurait présenté ses excuses et promis de ne pas recommencer. En attendant, il a gagné en notoriété comme le prouvent les centaines de pages de références sur Google.