Mort programmée des écoles maternelles …
Mort programmée des écoles maternelles …
J’ai été alertée par un article du Midi-Libre du 26 mars, reproduit ci-dessous, concernant la carte scolaire et annonçant des coupes surtout en maternelle.
Pourquoi alertée ?
Donc diminuer le nombre de maternelles, alors que la natalité est relativement stable, donc le nombre d’enfants en maternelle également, va imposer à des parents de trouver dans le privé un autre type de garde, ce qui signifie payer désormais pour ce qui était un service public rendu à tous, donc gratuit.
Dans certaines communes, les municipalités vont peut-être tenter de pallier à ce désengagement de l’Etat pour mettre en place un service public pour la petite enfance, mais elles n’en ont aucune obligation et l’Etat ne transfère aucun budget aux collectivités territoriale en parallèle à son désengagement.
C’est une taxation supplémentaire des revenus des familles qui est organisée pour permettre à des intérêts privés de faire du profit, sur le dos des enfants … pas joli, joli.
Vu la diminution des ressources financières disponibles des familles une fois les besoins vitaux couverts, privatiser la garde des moins de 6 ans, exclut de fait, toute une partie de la population de la possibilité de faire garder ses enfants pour aller travailler ou chercher un emploi … elle n’en a pas les moyens, ayant juste celle de couvrir ses besoins vitaux, et encore, sans avoir les moyens d’être regardante sur la qualité.
Ils vont faire quoi de leurs enfants ceux qui n’ont pas les moyens de payer pour les faire garder pendant qu’ils travaillent ? Les laisser seuls livrés à eux-mêmes alors qu’ils n’ont pas 6 ans, pour tenter de subvenir en travaillant à leur besoins vitaux ? Arrêter de travailler pour ne pas les abandonner ?
Cette suppression de postes en maternelle, fait partie de la destruction programmée de tout service public dans notre société.
Et qu’est-ce qu’un service public ? C’est un service d’intérêt général, c’est une gestion du bien commun dans l’intérêt de tous. C’est un esprit de solidarité, il coûte plus cher d’acheminer le courrier dans les zones rurales isolées qu’en ville, mais le tarif du timbre est le même. Un service public n’a pas à être rentable, parce qu’il est financé par les impôts de tous, il a pour vocation d’assurer l’égalité des citoyens, donc la cohésion sociale au sein du pays. C’est une égalité de droit qu’il fait respecter.
Actuellement les zones rurales sont dans une spirale d’exclusion qui prend un chemin similaire à celui des banlieues, sans avoir pour autant être dans une situation aussi dramatique sur un certain nombre de points. Mais elles sont considérées comme non rentables, et on retire progressivement tous les services publics des zones rurales : postes, impôts, justice, santé, retraite, etc… sous de faux prétextes d’efficacité qui ne sont pas fondés, il ne s’agit que d’argent. On accentue une France scindée dans de multiples domaines, où les droits de chacun dépendent en premier des revenus financiers dont on dispose, mais également de la zone géographique dans laquelle on habite. C’est à la fois la république « Liberté, Egalité, Fraternité » et l’idéal même de Démocratie que l’on cherche à détruire en même temps.
Il est facile de voir et savoir à qui profite le crime ... si on peut dire !
Parenthèse personnelle :
- Concernant le point des écoles maternelles, je précise que je n’ai qu’une fille de 23 ans et que de ce fait, je ne suis pas personnellement concernée. Je ne prêche pas pour ma paroisse ou parce que j’ai un intérêt personnel dans ce problème. Etre soucieux de l’intérêt général c’est ne pas regarder ce monde uniquement à travers le filtre de son propre vécu, des problèmes auxquels on est personnellement confrontés, mais être conscient du vécu et des problèmes auxquels sont confrontés les autres.
- Concernant le contenu des programmes scolaires et le sabrage en terme de contenu de l’enseignement, j’ai un regard très critique. Je ne suis pas en défense de l’institution de l’éducation nationale telle qu’elle est, mais d’un service public et gratuit d’éducation pour tous … ce qui ne signifie pas que le système actuel ne doive pas être repensé, mais certainement pas dans le sens des réformes actuelles qui vont à l’encontre d’un enseignement digne de ce nom, c’est à dire ayant pour but à la fois d’élever le niveau de conscience et responsabilité de tout un chacun, et une acquisition des savoirs élémentaires permettant à chacun de développer ses potentialités, lui permettant à la fois de s’épanouir individuellement et de les mettre au service de la collectivité dans l’intérêt du bien commun.
- Je ne suis pas pour la scolarisation obligatoire avant 6 ans, la sociabilisation ne passe pas nécessairement par l’école. J’aimerais que notre société revoit son regard sur la vie en devenir, les enfants ne sont pas des objets, propriété de qui que ce soit, parents ou Etat, mais des êtres vivants.
Ci-dessous les 2 articles mentionnés.
Édition du mercredi 26 mars 2008
Carte scolaire Des coupes mais surtout en maternelle
« On constate une très légère reprise mais nous n'avons pas non plus une démographie scolaire galopante. Le schéma simplificateur est que Montpellier souffre au bénéfice de sa grande banlieue. Il y a quelques villages qui se déshabillent et l'on note une situation plus favorable dans les hauts cantons ou dans le Lodévois. Les populations se sont déplacées vers des lieux où l’immobilier est plus abordable. Cela n'a rien de très étonnant », fait-il observer pour la tonalité d'ensemble.
Concernant les discussions d'hier, l'inspecteur d'académie estime que le climat a été plutôt serein avec les syndicats mais que c'était « plus tendu, plus agressif même avec les autres partenaires ». Et d'indiquer : « On pensait que ce serait plus facile après les élections. En réalité, c'est aussi compliqué qu'avant. Mais, globalement, j'estime que l'on a réglé les problèmes. On a fait passer plusieurs cas en ouverture ou fermeture conditionnelle. On ajustera à la rentrée. D'ailleurs, l'an dernier, j'avais zéro poste. Cette année, j'aurai un solde de + 8. Comme quoi, le contexte n'est pas non plus aussi noir que certains veulent le dépeindre. » Néanmoins, dès hier matin, certaines écoles étaient déjà occupées. C'était par exemple le cas de celle de la Grand-Rue à Saint-Gély-du-Fesc. Aussi, la classe menacée en élémentaire est-elle passée de fermeture lors des propositions à fermeture conditionnelle hier. Mais Paul-Jacques Guiot refuse l'idée d'une prime à la mobilisation. « Ce n'est pas comme cela que ça fonctionne. Si les gens manifestent, c'est parce qu'ils savent qu'ils sont près du seuil. Et si on leur donne satisfaction, c'est parce qu'au regard de la situation, il apparaît qu'il faut le faire et non pas parce qu'ils manifestent. » Ceci dit, la situation reste quand même tendue. Surtout en maternelle. L'écart est tout de même très sensible entre les ouvertures ou projets d'ouvertures (7 + 6) et les fermetures et projets de fermetures (14 + 15). Soit plus du double. En revanche, en élémentaire, le rapport entre ouvertures (20 + 8) et fermetures (14 + 6) est plus réduit. Selon le point de vue d'où l'on regarde, l'inspection académique aura beau de jeu de dire qu'il y a plus d'ouvertures que l'an dernier, ce qui est vrai, et les parents diront que la scolarisation des enfants en bas âge s'annonce plutôt compliquée, ce qui l'est tout autant.
En terme de postes, la situation semble moins problématique que dans le second degré. Au moins en apparence.
J. Ce
AGCS Chronique d’une mort annoncée : L’école maternelle.
Pour l’observatoire de la globalisation, Groupe de travail de la coordination régionale Attac Midi Pyrénées - Mercredi 19 octobre 2005..
- L’article 1-3-b déclare : que l’AG.C.S. concerne tous les services dans tous les secteurs, à l’exception des services fournis dans l’exercice du pouvoir gouvernemental.
- L’article 1-3-c précise : qu’un service pour échapper aux règles de l’A.G.C.S. ne doit être fourni par le gouvernement, ni sur une base commerciale, ni en concurrence avec 1 ou plusieurs fournisseurs de services.
- L’accord est ratifié par le parlement en décembre 1994. Certains pays peuvent momentanément « protéger » certains secteurs.
- La France pose une protection entre autre pour l’éducation, la santé, la culture. Une fois cette protection levée, les services concernés seront sous le coup des articles 1-3-b et 1-3-c de l’AGCS.
Il est important aussi de comprendre qu’une directive claire imposant la fermeture des écoles maternelles en France, du lundi pour le mardi, aurait pour conséquence : un tollé général. Ce mécanisme est donc mis en place de façon très parcellaire dans le temps et dans l’espace. Les textes qui nous y amènent sont eux aussi votés et diffusés de façon éparse bien que . très complémentaires.
Le degré de complexité, requis, pour masquer le désengagement de l’Etat du secteur « petite enfance », entraîne forcément un degré de complexité analogue quant à la compréhension des éléments en jeu. Notre travail a été de tenter de les rendre lisibles. Le votre sera sans doute de prendre le temps de nous suivre dans cette « lecture » et de nous accompagner ensuite vers une recherche de solutions. Nous vous en remercions d’avance.
Sous couvert du problème (pédagogique) de la scolarisation des 2 ans, (qui est par ailleurs un réel problème dans les conditions où elle est organisée à ce jour, mais ce n’est pas l’objet de cet exposé), il est remis en cause l’accueil des 2 ans en écoles maternelles.
En quelques chiffres, sur le département du Tarn (81), il y a 10 ans, l’école maternelle accueillait 80 % des enfants de 2/3 ans du département, elle n’en accueille plus que ... 38 % ! Elle accueillait 56 % des enfants de 2 ans, elle n’en accueille plus que 36 %. (Sources FCPE départementale et inspection d’académie). L’inspecteur nous assure qu’il souhaite stabiliser ce chiffre !
Pouvez vous nous transmettre les chiffres de votre département (sur les dix dernières années) ?
Bon nombre d’écoles maternelles n’accueillent plus les enfants qu’à partir de 3 ans révolus. Et quand elles les accueillent, les moins de 3 ans ne sont pas comptabilisés dans les effectifs et cela depuis plusieurs années. C’est souvent la cause de classes de maternelles surchargées.
En même temps, la rentrée de janvier est supprimée de façon irrégulière. Ce qui implique que environ 1/3 des enfants scolarisables à 3 ans, ceux qui ont 3 ans entre début septembre et fin décembre, ne rentrent effectivement à l’école maternelle qu’ à 4 ans. Combien d’écoles maternelles de votre département, ne pratiquent plus de rentrées en janvier ? ( … )