Jurisconsult : La Cour des comptes exige la suppression de nombreux bureaux de poste en France
La Cour des comptes exige la suppression de nombreux bureaux de poste en France
Publié sur le site Jurisconsult 21 mars 2008
Il est des situations dans lesquelles, si la situation n'était pas si dramatique, l'on aurait envie de rire.
Ainsi, la Cour des comptes, présidée par Philippe Séguin (qui vient de demander la suppression des chambres régionales des comptes !), ancien (certes très éphémère) dirigeant gaulliste du RPR, et devenu partisan inconditionnel du président Sarkozy a-t-elle commis un rapport destiné à l'Assemblée nationale et intitulé "La création de la Banque Postale et ses deux premières années de fonctionnement".
Alors que le Parlement européen s’est prononcé, le 31 janvier, à une très large majorité, et avec le soutien de gouvernement français, pour la libéralisation totale du traitement et de la distribution du courrier postal au plus tard le 31 décembre 2010, en approuvant le rapport Ferber par 512 voix pour, 156 contre et 18 abstentions, la haute juridiction financière a fermement pris parti contre le réseau postal français.
Et la Cour des Comptes emboite le pas des eurodéputés, en estimant que les bureaux de poste de... La Poste seraient "un handicap pour l’ensemble des activités commerciales de La Poste", c'est à dire pour la Banque Postale. Et la solution proposée pour sauver celle-ci serait de "réduire le réseau [de distribution de courrier] pour augmenter les atouts concurrentiels de la Banque postale", . Un comble, quand même : La Poste se verrait donc autorisée, voire encouragée, à supprimer des services de distribution du courrier postal dans les zones les moins "profitables", pour permettre à la Banque Postale de réaliser de meilleurs bénéfices...
Le réseau de La Poste compte actuellement 14.665 points de contact avec la population, dont 13.000 bureaux proprement dits. Des points de contact considérés, à juste titre, comme essentiels, vitaux, pour les territoires, et pour maintenir à la fois une cohérence territorial, et un service public de qualité.
Qui, en effet, accepterait de rester ou de vivre dans un village dans lequel le courrier ne serait pas régulièrement distribué, ou pris en charge ? Qui accepterait d'avoir à faire 25 kilomètres pour déposer un courrier ou acheter un timbre ?
Dans son rapport sur «La création de la Banque postale et ses deux premières années de fonctionnement», la Cour des comptes préconise de réduire le réseau pour augmenter les atouts concurrentiels de la Banque postale.
Au nom de l’efficacité économique, la Cour des Comptes préconise donc la fermeture d’une partie des guichets des zones rurales pour financer et recentrer la Banque Postale sur des centres plus importants, et en toute connaissance de cause, puisque le rapport indique clairement que "s’il répond à des préoccupations d’aménagement du territoire et de préservation du tissu économique en milieu rural, le réseau dans sa configuration actuelle de 13.000 bureaux, constitue un handicap pour l’ensemble des activités commerciales de la Poste".
Mais, pour aller plus loin encore, la Cour se permet de distinguer entre les français les bons et les mauvais puisque, selon les extraits rendus publics, la Cour craint que "la banalisation du livret A ne laisse à la Banque Postale, née en 2005, que les populations à risque". Et qu'est-ce donc qu'une "population à risque" ?
Bien entendu, les magistrats financiers se plaignent que "le coût moyen des fonctionnaires employés par La Poste reste supérieur à celui des salariés de droit privé", demandant, bien entendu que les rémunérations des agents de La Poste soient abaissées pour les aligner sur des salariés du privé, alors que, justement, La Poste n'a aucun équivalent dans le privé...
Si ce n'est pas déjà fait, signez la pétition pour le refus de la libéralisation des postes européennes
Cette pétition a été créée à l'initiative d'Alain Hutchinson, Député belge au Parlement européen et membre du PSE, qui depuis le début de son mandat au Parlement européen n'a cessé de se battre pour défendre le modèle social européen. Pour l'eurodéputé socialiste belge, tous les citoyens doivent conserver le droit de pouvoir accéder à des services publics de qualité et à des prix abordables.