"Le monde selon Monsanto" de Marie-Monique Robin (OGM)

Publié le par benedicte


Le monde selon Monsanto
de Marie-Monique Robin, réalisatrice et écrivain


Le monde selon MonsantoDiffusion du film sur ARTE
Mardi, 11 mars à 21h00
(mais je le rappellerais)
Le livre sortira le 6 mars


De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien
Fruit d’une enquête exceptionnelle de trois ans sur trois continents,le filme et le livre reconstituent la genèse d’un empire industriel, qui, à grand renfort de rapports mensongers, de collusion avec l’administration nord-américaine, de pressions et tentatives de corruption, est devenu l’un des premiers semenciers de la planète.

Réponse de la réalisatrie à la question « Pourquoi un film sur Monsanto ? »

Robin_MarieMonique.jpgCette question m’est posée régulièrement depuis trois ans et immanquablement, je réponds la même chose :
"Ca fait plus de vingt ans que je parcours le monde, et partout j’ai entendu parler de cette multinationale américaine, à dire vrai, plutôt en mal. J’ai voulu en avoir le cœur net et j’ai navigué sur la toile pendant des mois. J’ai découvert que Monsanto représente l’une des entreprises les plus controversées de l’ère industrielle parce qu’elle a toujours caché l’extrême toxicité de ses produits. Qu’en est il aujourd’hui ? Nous dit-elle la vérité sur ses OGM ? Peut-on la croire quand elle dit que les biotechnologies vont résoudre le problème de la faim et de la contamination environnementale  ? Pour répondre à ces questions, qui nous concernent tous, j’ai repris mon bâton de pèlerin, voyageant sur trois continents, où j’ai confronté la parole de Monsanto à la réalité du terrain, rencontrant des dizaines de témoins que j’avais préalablement identifiés sur la toile. Et je suis sûre, aujoud’hui, qu’on ne doit pas laisser cette entreprise s’emparer des semences, et donc de la nourriture du monde ..."


Vidéos

Page d'ARTE.tv Le Monde selon Monsanto d'où proviennent les informations




journarles.pngMis en ligne le 13 février Pesticide Round Up (Glysophat)
Le tribunal de Lyon condamne Monsanto

70% des semences OGM sont conçues pour être résistant au Glysophat !

C’est la victoire de David contre Goliath. Monsanto, le mastodonte de l’agrochimie, dont le siège français se trouve à Bron, dans la banlieue lyonnaise, était poursuivi pour publicité mensongère autour du Roundup, le désherbant le plus vendu au monde, par l’association Eaux et rivières de Bretagne (ERB). Vendredi à Lyon, Monsanto Agriculture France a été condamné à payer une amende de 15 000 euros. Le distributeur du Roundup, la société Scotts France, poursuivie pour les mêmes faits, a aussi été condamnée à une amende de 15 000 euros. Le tribunal correctionnel a également ordonné la publication du jugement dans le quotidien le Monde et dans Maison & Jardin Revue. Mais Monsanto a fait appel. Le contraire aurait surpris. La prochaine étape se jouera le 4 juin 2008 à Lyon ... Lire la suite >> 



LE FILM source ARTE.tv

Documentaire de Marie-Monique Robin(France, 2007, 1h48mn)>Coproduction : ARTE France, Image et Compagnie, Productions Thalie, Office National du film du Canada, WDR

"Je n’ai jamais vu une société qui ait une influence aussi déterminante et à un niveau aussi élevé sur les autorités gouvernementales en charge de la réglementation que Monsanto avec ses OGM." (l’essayiste Jeremy Rifkin)

Monsanto, multinationale américaine née en 1901 à Saint-Louis, dans le Missouri, et d’abord spécialisée dans l’industrie chimique, est devenue en un peu plus d’un siècle le leader mondial des biotechnologies, en particulier sur le marché des organismes génétiquement modifiés (OGM). Elle détient les brevets de 90 % du maïs, du soja, du colza, ou du coton transgéniques cultivés dans le monde. Par le biais de rachats successifs, elle est en train de devenir le premier semencier de la planète et à terme, c’est la chaîne alimentaire toute entière qu’elle pourrait contrôler. Mais c’est d’abord avec le Round Up, son herbicide "total" (longtemps estampillé "biodégradable") qu’elle a commencé, à partir de 1974, à conquérir le monde. On lui doit aussi des produits aussi variés que le terrible Agent Orange, massivement déversé sur le Viêt-nam par l’armée américaine, les PCB (pyralène en France, interdit au début des années 80), l’aspartame ou les hormones de croissance (interdites en Europe et au Canada). Monsanto, avertit Marie-Monique Robin, est l’une des entreprises "les plus controversées de l’ère industrielle".

"Nourriture, santé, espoir" : sur son site, la firme de Saint-Louis promet une agriculture durable, aux rendements supérieurs, respectueuse de l’environnement. Journaliste d’investigation chevronnée, couronnée du Prix Albert-Londres en 1995, la réalisatrice a décidé de juger sur pièce, y compris en explorant le passé de l’entreprise. Sa première étape la mène à Anniston, en Alabama, où 40 % de la population, majoritairement noire, souffre de cancer. En 2002, Monsanto a été condamnée par la justice à lui verser 700 millions de dollars pour avoir dissimulé pendant des décennies la dangerosité des PCB…

Cobayes
Implacablement, d’Anniston jusqu’au Paraguay en passant par l’Inde, la Grande-Bretagne ou le Mexique, Marie-Monique Robin collecte des faits aussi alarmants qu’irréfutables et démonte point par point le discours de Monsanto. Elle démontre que, dans le dossier des OGM, les réglementations américaine et européenne ont été directement influencées, sans validation scientifique valable, par des alliés de la firme placés à des postes-clé au sein d’une administration tout sauf indépendante. Elle expose les stupéfiantes méthodes utilisées par la multinationale pour discréditer ses adversaires, mais aussi intimider les agriculteurs à domicile.

Elle laisse entrevoir enfin la catastrophe en germe dans les visées hégémoniques de Monsanto sur les semences du monde, dont les paysans indiens ou paraguayens subissent aujourd’hui les conséquences. "On ne devrait pas utiliser les citoyens comme des cobayes." Pour avoir exprimé ses inquiétudes à propos des OGM sur un plateau de la BBC, le biologiste Arpad Pusztaï fut licencié du jour au lendemain.

Quelques années plus tard, Le monde selon Monsanto donne une ampleur planétaire à cet avertissement.

de Marie-Monique Robin


Livre_LeMondeSelonMonsanto.jpg LE LIVRE Article de l'Express Livres du 14 février 2008

Le Monde selon Monsanto
La journaliste Marie-Monique Robin a enquêté sur le leader mondial des OGM. Son livre (à paraître le 6 mars) passe au crible la formidable montée en puissance de la société américaine. Extraits exclusifs.

La journaliste et réalisatrice Marie-Monique Robin a enquêté pendant trois ans sur le leader mondial du marché des OGM, la société américaine Monsanto. Elle lui consacre un documentaire (Arte, le 11 mars, à 21 heures) mais aussi un livre (le 6 mars, aux éditions La Découverte). Cet ouvrage très documenté, dont L'Express publie des extraits en avant-première, raconte comment la compagnie de Saint Louis (Missouri) a diversifié ses activités et connu un essor planétaire.
Monsanto, qui produit à la fois des semences transgéniques et des pesticides, dont l'herbicide Roundup, mérite-t-elle les charges récurrentes des anti-OGM? Fallait-il interdire l'utilisation de son maïs MON 810, comme l'a décidé le gouvernement français? A l'heure où la société défend ses produits, l'enquête de Marie-Monique Robin contribue au débat. M. Fts.

- Les intertitres sont de la rédaction. -

Qui est Monsanto?
[...] Avec 17 500 salariés, un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de dollars en 2007 (dont 1 milliard de bénéfices) et une implantation dans 46 pays, l'entreprise de Saint Louis affirme s'être convertie aux vertus du développement durable, qu'elle entend promouvoir grâce à la commercialisation de semences transgéniques censées faire reculer les limites des écosystèmes pour le bien de l'humanité.
[...] Dans sa rubrique «Qui sommes-nous/L'histoire de la société» , on ne trouve pas un mot sur tous les produits extrêmement toxiques qui ont pourtant fait sa fortune pendant des décennies: les PCB (polychlorobiphényles), des huiles chimiques employées comme isolants [...]; le 2, 4, 5-T, un herbicide puissant comprenant de la dioxine, composant la base de l'agent orange, le défoliant utilisé par l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam [...]; le DDT, aujourd'hui prohibé; l'aspartame, dont l'innocuité est loin d'avoir été établie; les hormones de croissance laitière et bovine (interdites en Europe).

Histoire d'une découverte
[...] En cette année 1985, les chercheurs de Saint Louis n'ont qu'une obsession: trouver le gène qui immunisera les cellules végétales contre le Roundup [l'herbicide phare de la firme]. C'est d'autant plus urgent que Calgene, une start-up californienne, vient d'annoncer dans une lettre publiée dans Naturequ'elle est parvenue à rendre le tabac résistant au glyphosate [la molécule de l'herbicide Roundup]. [...] Tous les géants de la chimie poursuivent le même but et désormais la concurrence est à couteaux tirés, car l'enjeu n'est pas seulement scientifique, mais surtout économique: on imagine déjà les brevets qu'on pourra déposer sur toutes les grandes cultures vivrières du monde...
A Saint Louis, en tout cas, le stress s'installe durablement, car le fameux gène reste introuvable. [...] «C'était [...] l'antithèse de la manière dont on travaille dans un laboratoire: normalement, le scientifique fait une expérience, il l'évalue, en tire une conclusion, puis il passe à une autre variable [raconte Harry Klee, l'un des chercheurs de l'équipe]. Avec la résistance au Roundup, on essayait 20 variables à la fois: les mutants, les promoteurs, de multiples espèces végétales, on essayait tout en même temps.»

De puissants alliés
Le 26 mai 1992, le vice-président [de George Bush père, Dan Quayle] rend publique la politique américaine en matière d'OGM: «[...] Les Etats-Unis sont déjà le leader mondial de la biotechnologie et nous entendons le rester. En 1991, la biotechnologie a rapporté 4 milliards de dollars. Nous tablons sur 50 milliards de dollars en l'an 2000, à condition de ne pas s'encombrer d'une réglementation inutile...»
Trois jours plus tard, le 29 mai 1992, Monsanto a gagné: la Food and Drug Administration publie dans le Federal Register sa policy, sa réglementation concernant les «aliments dérivés des nouvelles variétés de plantes» [...]. «Les aliments [...] dérivés de variétés végétales développées par les nouvelles méthodes de modification génétique sont réglementés dans le même cadre et selon la même approche que ceux issus du croisement traditionnel des plantes.» [...]

Le «principe d'équivalence en substance»
[L'auteur cite un paragraphe de cette réglementation: ] «Dans la plupart des cas, les composants des aliments provenant d'une plante génétiquement modifiée seront identiques ou similaires en substance à ceux que l'on trouve communément dans les aliments, comme les protéines, les graisses, les huiles et les hydrates de carbone.»
Ces quelques lignes, apparemment anodines, signent un concept qui a été repris un peu partout dans le monde comme la base théorique de la réglementation des OGM: celui du «principe d'équivalence en substance». [...] En d'autres termes: les OGM sont grosso modo identiques à leurs homologues naturels.

La course aux semences
[Robert Shapiro, PDG de Monsanto de 1995 à 1999] a su transformer en un temps record un géant de la chimie en un opérateur quasi monopolistique sur le marché international des semences. Pourtant, la partie était loin d'être gagnée. Car lorsque, en 1993, l'équipe de Stephen Padgette tient enfin son soja Roundup Ready, chez Monsanto personne ne sait quoi en faire... Bien sûr, le premier réflexe, c'est de déposer un brevet sur le précieux gène, mais après ?
La firme de Saint Louis n'est pas un semencier, et la seule solution, c'est de vendre sa trouvaille à des «gens du métier». [...] Dès 1996, le PDG de Monsanto change de stratégie: comprenant que pour assurer le maximum de bénéfices il faut posséder les semences, il se lance dans un ambitieux programme d'acquisitions des entreprises semencières, qui bouleversera profondément les pratiques agricoles mondiales. [...] En deux ans, Robert Shapiro a dépensé plus de 8 milliards de dollars et fait de Monsanto la deuxième firme semencière du monde (derrière Pioneer).

Vers la stérilisation des sols ?
Ce jour-là, Walter Pengue [un ingénieur agronome de l'université de Buenos Aires spécialisé dans la sélection génétique] a programmé une visite chez Jesus Bello, un paysan de la pampa qui s'est lancé dans le soja RR [Roundup Ready] dès 1997. [...] Jesus est confronté à un problème qui s'accentue d'année en année: la résistance des mauvaises herbes au glyphosate. [...]
«L'argument commercial de Monsanto, qui dit que la technologie Roundup Ready permet de réduire la consommation d'herbicide, serait donc erroné ?
- Complètement! me répond Jesus Bello. Je fais deux applications de glyphosate, l'une après les semis, l'autre deux mois avant la récolte. Au début, j'utilisais 2 litres d'herbicide par hectare, aujourd'hui il m'en faut le double !
- Avant l'arrivée du soja RR, l'Argentine consommait une moyenne annuelle de 1 million de litres de glyphosate, renchérit Walter Pengue. En 2005, nous sommes passés à 150 millions de litres! Monsanto ne nie pas qu'il y ait un problème de résistance et annonce un nouvel herbicide plus puissant, avec une nouvelle génération d'OGM, mais on ne sort pas du cercle vicieux!»
Pour les producteurs, la facture est salée. Finie l'époque où, pour amorcer la pompe, Monsanto consentait une ristourne des deux tiers sur le prix de son herbicide. [...]
De plus, l'usage intensif du Roundup tend à rendre la terre stérile. «Je consomme toujours plus d'engrais, reconnaît Jesus Bello, car, sinon, les rendements s'effondrent.»

Inde: les semences «magiques»
[L'auteur assiste aux funérailles d'un jeune cultivateur de coton Bt transgénique qui s'est suicidé en buvant un litre de pesticide. ] «Dites au monde que le coton Bt est un désastre, s'enflamme un vieil homme. Dans notre village, c'est le deuxième suicide depuis le début de la moisson. ça ne peut qu'empirer, car les semences transgéniques n'ont rien donné !
- Ils nous ont menti, renchérit le chef du village. Ils avaient dit que ces semences magiques allaient nous permettre de gagner de l'argent, mais nous sommes tous endettés et la récolte est nulle! Qu'allons-nous devenir? [...]
- C'est un cercle vicieux, ajoute Tarak Kate [un agronome qui dirige une ONG spécialisée dans l'agriculture biologique], un désastre humain. Le problème, c'est que les OGM ne sont pas du tout adaptés à nos sols, qui, dès qu'arrive la mousson, regorgent d'eau. De plus, les OGM rendent les paysans complètement dépendants des forces du marché: non seulement ils doivent payer leurs semences beaucoup plus cher, mais ils doivent aussi acheter des engrais - sans lesquels la culture est vouée à l'échec - et des pesticides, car Bollgard [la variété de coton Bt de Monsanto, intégrant un gène insecticide] est censé protéger contre les attaques du "ver américain de la capsule" (un insecte ravageur du coton), mais pas contre les autres insectes suceurs. Si vous ajoutez à cela que, contrairement à ce qu'affirme la publicité, Bollgard ne suffit pas à repousser les vers américains, alors c'est la catastrophe, car il faut, en plus, utiliser des insecticides.»

La multinationale se défend
Selon Marie-Monique Robin, la multinationale a refusé de lui accorder des interviews. Sollicitée par L'Express au sujet de la démarche de l'auteure, Monsanto France n'a pas souhaité répondre. La société n'en défend pas moins ses produits. Elle s'est ainsi déclarée «scandalisée» par la décision française de suspendre puis d'interdire l'utilisation du seul maïs OGM cultivé en France, le MON810: «Le gouvernement ne fournit aucun fondement scientifique à l'appui de son arrêté de suspension. Les données scientifiques nouvelles requises par la législation européenne pour décider d'une telle suspension n'existent pas», a souligné Jean-Michel Duhamel, président de Monsanto Europe du Sud.

 
 

Publié dans Planète-environnement

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