Naples décharge de l’Italie … abcès symptomatique d’une société malade
"Naples : décharge de l'Italie"
Ce n’est pas dans un lointain pays du sud, c’est à côté de chez nous, même pas dans un des pays de l’Est mais dans un de ceux de la vieille Europe, un des pays fondateurs de l’union européenne … un de ceux qui se prétendent être une démocratie ... un pays comme le notre.
Ce qui se passe dans la région de Naples est un symptôme de la maladie qui ronge nos sociétés. Une maladie structurelle et inhérente au système socio-économique que l’on prétend imposer à tous à l’encontre de l’intérêt, non seulement de notre espèce mais de l’ensemble de la vie de cette planète et dont le propagande est une offense à l’intelligence et la conscience.
Naples se situe dans la région la plus pauvre de l’Italie. Si cette région a vu la naissance et le développement de la Camora, c’est que ça fait bien longtemps que les pauvres du sud sont abandonnés à leur sort par l’état italien, et c’est sur cet abandon que la mafia a pu prospérer.
La situation actuelle dont on nous parle dans les médias, est l’aboutissement de plus de 15 ans de collusion d’intérêt mafieux, financiers et politiques, dans un système ultra-libéral où la recherche de profit maximum de quelques uns est la seule règle réelle de fonctionnement de la société. Cette collusion a transformé cette région en décharge de l’Italie entière, car ce n’est pas sous ses propres déchets que Naples est ensevelie. Si les ordures ménagères s’entassent aujourd’hui dans les rues de la ville, c’est que les innombrables décharges légales et illégales du secteur sont saturées par les déchets en provenance des autres régions, à commencer par le riche nord industriel du pays.
A Naples, le dépôt et l’enfouissement illégal de déchets toxiques de toutes sortes contaminent le sol, les cours d’eau et les nappes phréatiques avec les eaux de ruissellement. L’odeur des décharges à ciel ouvert est pestilentielle. Les problèmes ne sont pas seulement environnementaux, mais de santé publique : cancers, tumeurs, malformations, déficiences congénitales et autres ont explosé au sein de la population.
Bien sûr on nous présente cela comme un problème spécifique lié à la mafia, qui a fait du trafic d’ordure et de déchets dans le secteur une source de profit qui lui rapporte plus que celui de la drogue d’après certains observateurs. Ce qui est exact, mais passe sous silence que ce trafic ne serait pas possible sans la rapacité des industriels qui tractent avec eux pour se débarrasser de leurs déchets toxiques au prix le plus bas, sans la corruption des politiques qui permettent ce trafic en ne contrôlant pas le respect des normes par ces entreprises dans l’ensemble du pays, et qui localement s’abstiennent de contrôler l’incessant ballet de camions venant déverser leurs déchets et pas seulement dans les décharges, mais les enfouissent et les déposent un peu partout. Et ce qui se passe en Italie, se passe ailleurs et peut très bien se passer chez nous, c’est dans la logique du système.
Actuellement le problème est tel, qu’effectivement on ne sait plus par quel bout le prendre. Les habitants en sont à mettre le feu aux ordures ménagères accumulées dans les rues et au pied de leurs immeubles et qui ne sont plus ramassées, parce qu’on ne sait plus où les stocker. Mais c’est une région pauvre et que vaut la vie de ces millions de personnes dans notre société ? … rien puisque les droits de chacun sont proportionnels à la taille de sa fortune et qu’il est interdit de poser de question sur la provenance de celle-ci. D’ailleurs dans notre société, la finance, le politique, la jet-set, les peoples et les chefs des mafias historiques que nouvelles comme celle de russie, fréquentent les mêmes lieux, habitent les mêmes quartiers, se convient les uns les autres … et ne valent pas plus les uns que les autres.
La situation de Naples mets en relief un certain nombre de problèmes : la production exponentielle de déchets toxiques, celle tout aussi exponentielle de déchets ménagers et celle d’un système l’on permet à un tout petit nombre de mettre en péril la vie du plus grand nombre en toute impunité … au nom de quoi ? Des raisons il y en a plein, mais aucune qui puissent être considérée comme une bonne raison, aucune qui permettent de justifier ce qui se passe comme étant une loi naturelle, une fatalité à laquelle rien ne pourrait être changé. Attendre de ceux qui détiennent le pouvoir qu’ils moralisent leurs pratiques relève d’une grande naïveté. Les problèmes qu’ils engendrent sont pour eux une nouvelle source de profit. La santé publique, par exemple, ils sont des 2 côtés comme par exemple les industries chimico-pharmaceutique comme Rhône-Poulenc qui fabriquent à la fois des produits toxiques et des médicaments … donc que l’état sanitaire de la population baisse est pour eux une source d’activité lucrative supplémentaire.
Certes le problème semble nous dépasser, car en tant qu’individu, face à cette gigantesque toile d’araignée « mondiale », il semble que nous n’ayons aucun moyen de changer cette orientation. C’est à la fois vrai et faux.
C’est vrai, dans le sens qu’aucune action de la part d’un individu seul n’engendrera de changement immédiat. Mais c’est faux si l’on raisonne en comportement individuel de masse. Un changement de vision et de comportement effectué individuellement mais à grande échelle permettrait de changer un certain nombre de choses.
Maintenant c’est une question à la fois de conscience et d’honnêteté …
Pour prendre les déchets ménagers, parce que ceux là dépendent en partie de nous. Il faut être conscient que le recyclage n’est pas une solution en soi, que ce n’est qu’un pis aller, une limitation des dégâts, que bien entendu nous devons mettre en oeuvre, mais qui n'agit pas sur la cause du problème (la production de déchets et les mécanismes qui y président) mais sur la limitation de ses conséquences. C’est cette production croissante de déchets qui doit être arrêtée, c’est de produire des choses qui vont directement à la poubelle dès achetées (emballages et sur-emballages), produits à usage unique ou jetable, à durée de vie volontairement limité (électro-ménager par exemple) dont la réparation coûte plus cher que le rachat, sans compter les prospectus publicitaires qui encombrent les boîtes aux lettres, etc…
Une aberration sur le plan écologique est le recyclage du verre, c’est « moins pire » que de l’envoyer à la décharge, mais la seule solution cohérente serait de revenir au système de consigne qui existait encore lorsque j’étais ado. Parce que l’énergie consommée pour refondre du verre et en faire de nouvelles bouteilles est bien plus importante que pour les stériliser. Je suis pour le retour à la consigne.
Maintenant si vous considérez que le progrès c’est de ne pas avoir à ramener les bouteilles, mais de pouvoir les jeter dans un container … alors nous ne sommes pas prêts de trouver des solutions pour l’envahissement de notre planète par nos déchets (voir l'article sur le continent d'ordure en formation dans le pacifique nord, et encore moins pour des problèmes moins tangibles bien qu’aussi importants et urgents de résoudre.
Sur les moyens que nous pouvons avoir de peser … de toute façon il n’y a pas un ensemble de règles simples à apprendre et appliquer. Il faut apprendre à sortir des idées reçues que martèle en permanence ceux qui prétendent savoir, pour développer une autre vision, une autre approche des choses que celle dans laquelle on cherche à nous enfermer.
Donc à suivre ...